FREDDY LANDRY

LE CINÉMA AMÉRICAIN 1955-1970

ESSAY

Semaine après semaine, Freddy Buache écrit des articles sur le cinéma, ses thèmes, ses auteurs, ses films dans LA TRIBUNE DE LAUSANNE. Es sont parfois difficiles à lire, car Buache poursuit dans cette chronique une réflexion en profondeur, à long terme, comme s’il pensait déjà à réunir ses textes sous forme de livre-hypothèse du reste partiellement juste.

Buache regroupe donc en presque six cents pages, cinq cents articles consacrés à une centaine de cinéastes américains, dans un ordre nouveau qui va des GRANDS ANCIENS (Ford, Hitchcock, Ray, Huston, Kazan, Hawks, etc.) à la NOUVELLE GENERATION (Kubrick, Penn, Peckinpah, Altman, Boorman, etc.) en passant par LES ARTISANS (Fleischer, Lumet, Ritt, Sturges, Fuller, etc.), COMEDIES/ FANTAISIES (Minelli, Donen, Kelly, Wilder, Lewis, etc.) bu le commode DIVERS (Westerns, fantastique, guerre et politique, pop et thèmes nouveaux, etc.).

Il n’est donc pas nécessaire de lire d’un seul trait ce livre. Au contraire: sa lecture partielle sera beaucoup plus utile quand apparaît le nouveau film d’un cinéaste ou lorsque la télévision reprend un ancien film.

Ce qui frappe d’emblée, c’est la grande unité de regroupement, autrement dit la pérennité d’une manière d’aborder le cinéma durant des années.

Dans son introduction, Buache fait remarquablement le point: il y eut, de la part de la critique, le «temps du mépris» (jusqu’en 1945, les intellectuels rejettent ce «divertissement d’ilotes» volontairement proposé par Hollywood au plus grand nombre), puis celui de la «chasse aux sorcières» (dans les années 50 — l’étude des effets de cette chasse devenus plus importants que les films), enfin celui des modes, du snobisme (sous l’influence de l’équipe parisienne des CAHIERS DU CINEMA, une sorte de sommet atteint avec le livre de Rohmer-Chabrol consacré à Hitchcock-métaphysicien!). Pour Buache, le «provincial» de Lausanne, il s’agissait, au travers de ces courants contradictoires, d’être toujours dans le temps de la vérité et de la juste appréciation — et l’auteur s’y trouve presque toujours.

Les textes consacrés à Hitchcock illustrent parfaitement bien cette attitude: pour Buache, c’est d’abord un professionnel efficace fort à l’aise dans l’humour qui finit par créer «le suspense en faisant attendre le suspense».

Buache aime raconter les films, ceux qui retiennent son attention, au travers de ses émotions, l’espace de réoran large, la qualité d’un éclairage, l’équilibre des couleurs autant sinon plus que la psychologie des personnages.

Il est présent derrière nombre de ses analyses, avec ses élans hérités d’un surréalisme virulent dans la défense des actrices «magiques» (Marylin Monroe à laquelle il rend un remarquable hommage dans son «Introduction», Greta Garbo, etc.), sa générosité presque terrienne d’humaniste lucide (éloge d’«Exodus» par exemple), ses colères aussi, parfois même de brusques injustices.

Dans la partie intitulée POP ET THEMES NOUVEAUX, l’auteur regroupe les films qui vont conduire au meilleur du nouveau cinéma commercial américain, celui de la description lucide et amère de l’étouffement provincial, du néoromantisme critique de l’errance des «perdants» et dont, aujourd’hui, Fat City et Judge Roy Bean de Huston (pour celui-ci, Buache se montre ardent partisan de la politique dite des «auteurs»), Pat Garret et Billy The Kid de Peckinpah forment les plus belles réussites. Il n’est dès lors pas étonnant que Harold et Maude d’Ashby y soit célébré dans un des textes les plus chaleureux.

On est presque soulagé de découvrir enfin un oubli: celui des premiers films de Jerry Lewis auteur complet, dont l’œuvre commence seulement avec The Nutty Professor, son quatrième.

L’amitié et des contacts fréquents avec Freddy Buache font parfois oublier que le directeur de la Cinémathèque suisse est un des meilleurs connaisseurs du cinéma contemporain: ce livre ep est une preuve et l’on peut attendre avec impatience le suivant, consacré au cinéma suisse.

(Ed. L’Age d’Homme, Lausanne, «Histoire et théorie de cinéma», collection dirigée par Freddy Buache.)

Vielleicht sind die Artikel, die Freddy Buache wöchentlich in der «Tribune de Lausanne» publiziert, deshalb oft schwer Iesbar, weil sie bereits im Hinblick auf eine Buchveröffentlichung geschrieben worden sind. Auf beinahe 600 Seiten hat Buache seine Ausätze zum amerikanischen Film nun gesammelt und man stellt mit Erstaunen die Konsequenz der Artikel fest In einer Einführung setzt Buache die Akzente, zeichnet die Geschichte der kritischen Bewältigung des amerikanischen Films in Europa nach, von der hochmütigen Ablehnung bis hin zum Snobismus, für den er die Equipe der «Cahiers du cinéma» teilweise verantwortlich macht Buache scheut sich nicht, persönliche Urteile abzugeben. Er praktiziert eine Art «Autoren-Kritik». Wenig fehlt in diesem Buch; beispielsweise hat Buache die Anfänge von Jerry Lewis offenbar nicht mitbekommen... Wenn man Buache kennt, würde man’s vielleicht nicht annehmen, aber das Buch beweist: Buache ist einer der besten Kenner des zeitgenössischen Films. Mit Ungeduld wartet man auf sein Werk über den Schweizer Film.

Freddy Landry
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
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