ROBERT SCHÄR

DREI FRAGEN AN PASOLINI — INTERVIEW AUS DEM JAHRE 1970

ESSAY

Schär. — Welche Funktionen schreiben Sie dem Cinéasten in der heutigen Gesellschaft zu?

Pasolini. — Die Funktion des Cineasten in der heutigen Gesellschaft ist diejenige, bis ins letzte Cineast zu sein. Die Funktion des Cineasten besteht in seiner Strenge; und seine Strenge ist formal. Der Cineast, der sich einbildet, das Kino sei Aktion, kommt dazu, Propaganda, Pädagogik oder Kommerz zu machen. Das Kino ist immer politisch. Aber wenn der Cinéast direkte Politik machen will, soll er verzichten, Filme zu drehen. Oder dann soll er klar zugeben, dass er auf seine Strenge verzichtet, um einen Kompromiss einzugehen, den nur der Eifer rechtfertigt.

Schär. — Ist es möglich, die von Ihnen umschriebene Funktion des Cineasten innerhalb der bestehenden Struktur des Filmmarktes auszuüben, oder muss man andere Wege suchen?

Pasolini. — In den finstersten Augenblicken der feudalen oder monarchistischen Herrschaft wurden die grossartigsten romanischen Kirchen gebaut. In den finstersten Augenblicken der kapitalistischen Herrschaft kann man grossartige Filme machen, so wie die grossartigsten Gedichte geschrieben wurden. Leider könnte man nicht einen «grossartigen» Film über die Polizei, das Richteramt, die Armee oder die Kirche drehen: Die Gründe dafür sind objektiv. Also besteht auch für den strengsten aller Cineasten das Bedürfnis, andere Wege zu suchen — revolutionäre Wege — um für sich eine vollständigere und realere Freiheit zu erreichen.

Schär. — Der «Neue Film» teilt sich stets in einer neuen Sprache mit, die oft hohe Anforderungen an das Erfassungsvermögen des Zuschauers stellt. Besteht hierin nicht eine Gefahr, dass dieser Film elitär wird?

Pasolini. — Filme für eine Elite zu drehen (die neuen Eliten, die sich in Europa in den vergangenen Jahren gebildet haben) ist nicht ein Risiko, sondern eine Pflicht. Die wahre Antidemokratie ist die Massenkultur: Ein Autor ist also demokratisch, wenn er sich weigert für die Massenkultur zu arbeiten, und wenn er sich «absondert», indem er für Menschen aus Fleisch und Blut arbeitet.

TROIS QUESTIONS POSES A PASOLINI (par Robert Schâr, en 1970)

Schär. —Dans la société actuelle, quelle fonction attribuez-vous au cinéaste?

Pasolini. — La fonction du cinéaste dans la société actuelle est celle d’être cinéaste jusqu’à l’extrême. La fonction du cinéaste consiste en sa rigueur; et sa rigueur est d’ordre formel. Le cinéaste qui s’imagine que le cinéma est de l’action sera amené à faire de la propagande, de la pédagogie ou du commerce. Le cinéma est toujours politique. Mais si le cinéaste veut faire de la politique directe, eh bien, qu’il renonce à tourner des films. Ou alors qu’il avoue clairement qu’il renonce à sa rigueur pour accepter un compromis justifié uniquement par son zèle.

Schär. — Est-il possible d’exercer la fonction de cinéaste — telle que vous venez de la décrire — dans le cadre de la structure existante du marché du film, ou bien faut-il chercher d’autres voies?

Pasolini. — Durant les périodes les plus sinistres de la domination féodale ou monarchique, les églises romanes les plus prestigieuses ont été bâties. Durant les périodes les plus sinistres de la domination capitaliste on peut tourner des films remarquables, tout comme tes poèmes les plus merveilleux ont été écrits. Malheureusement il ne serait pas possible de faire un film «extraordinaire» sur la police, les juges, l’armée ou l’église: les raisons à cela sont objectives. De ce fait, même le cinéaste le plus rigoureux éprouvera le besoin de chercher d’autres voies — des voies révolutionnaires — pour pouvoir jouir d’une liberté plus complète et plus réelle.

Schär. — Le «Nouveau oinéma» fait constamment appel à un langage nouveau qui exige de la part du spectateur une très grande capacité de compréhension. Ne court-on pas alors le risque que ce cinéma devienne élitaire?

Pasolini. — Tourner des films pour une élite (les nouvelles élites qui se sont formées en Europe au cours de ces dernières années) n’est pas un risque, mais un devoir. La vraie antidémocratie est la culture de la grande masse: par conséquent, un auteur est démocratique lorsqu’il refuse de collaborer à cette culture des grandes masses, lorsqu’il s’en sépare en travaillant pour des hommes en chair et en os. (AEP)

Robert Schär
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(Stand: 2020)
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