VILLI HERMAN / WERNER JEHLE / EVE MARTIN

LE CINÉMA AU TESSIN

CH-FENSTER

Der 1941 geborene Villi Herman ist vielleicht der bekannteste unter den Tessinern Filmemachern. Mit einem Dokumentarfilm über Grenzgänger im Tessin, Cerchiamo per subtio operai, offriamo..., hat er sich 1974 vorgestellt als unbestechlicher Schilderer einer unmenschlichen Situation. Mit einem lächerlichen Budget und grossem technischen Können ging Herman zwischen 1971 und 1974 jenen Italienern nach, die jeden Tag zweimal die Grenze zwischen der Schweiz und Italien passieren. Es sind Doppelemigranten aus Mittel- und Süditalien, die sich entlang der Schweizer Grenze niederlassen, um von dort aus —- völlig schutzlos — billige Arbeit für Schweizer Firmen zu leisten.

Herman meinte damals, «würde ich in Paris wohnen, hätte ich einen Film mit den algerischen Arbeitern gemacht; in Köln wahrscheinlich mit den Türken; in London mit den Pakistani. Da ich aber im sogenannten sonnigen Tessin wohne, war meine Wahl klar.»

Als der Tessiner 1975 von der eidgenössischen Filmkommission einen Drehbuchbeitrag erhielt, ging er wieder von einer Situation aus, die er schon seit seiner Kindheit beobachtet hatte. Er recherchierte für einen Film mit dem Titel San Gottardo. Es soll «vor allem ein Film über die Migration, über die «Völkerwanderung», welche der Tunnelbau damals wie heute verursacht hatte» werden, erläutert Herman in seinem Drehbuch. «Leute zogen von einem Land ins andere, von einem Kulturbereich in den anderen, und Gesellschaftsformen wurden miteinander konfrontiert. Meine persönliche Familiengeschichte spielt da ebenfalls eine Rolle. Ein Teil meiner Vorfahren wanderte vor dem Bau des Gotthardtunnels nach Amerika und Argentinien aus. In der gleichen Epoche kamen tausende von Norditalienern in die Schweiz um hier zu arbeiten. Nach dem Bau des Bahntunnels wanderten die Tessiner meistens in die Deutschschweiz weg, so auch meine Familie (in Gebiete der Textilindustrie). Der Bahntunnel hat zur Wandlung der Emigrationsströme beigetragen.»

Hermans Gotthard-Film wird sich abspielen «zwischen zwei Enthüllungen», Denkmalenthüllungen: «Die Enthüllung des Escher-Denkmals auf dem Zürcher Bahnhofplatz bildet den Auftakt, die Enthüllung des den Arbeitern gewidmeten Denkmals in Airolo den Schluss. Dazwischen wird gezeigt, was alles unter den Tüchern lag, wie Bürgertum und Arbeiterschaft vom Gotthardtunnel-Bau geprägt wurden.» Herman will die Vergangenheit in szenischen Folgen von Schauspielern interpretieren lassen, die Ereignisse des Tunnelbaus von heute einfach dokumentieren.

Ich habe Villi Herman, diesen auch in seiner Arbeit mit dem Tessin verbundenen Filmschaffenden, eingeladen, etwas zu sagen über den Film in der «Dritten Schweiz», den Film im Tessin. Er hat es im März 1976, zusammen mit Eve Martin, getan und dabei auch seine Kollegen zu Wort kommen lassen. (W.J.)

La faible voix du Tessin s’est fait entendre ces dernières années dans des manifestations cinématographiques suisses et internationales. Des journalistes ont parlé de films réalisés par des cinéastes tessinois. On trouve même dans la revue cinématographique française «Cinéma» N° 203, mois de novembre 1975, un article de J.-P. Brossard intitulé «La situation du cinéma tessinois». Un journaliste de la presse alémanique a écrit, à propos des journées cinématographiques de Soleure de 1976 qu’il était surpris par l’absence de toute production tessinoise à cette manifestation. En effet, depuis environ 5 ans, d’une manière ou une autre, il y avait toujours eu un ou plusieurs tessinois qui avaient réussi à présenter un film. Mais si l’on est un peu au courant de la situation tessinoise on ne s’étonne guère de «l’absence tessinoise» de cette année. Tous les derniers films tessinois sont le résultat d’initiatives individuelles et non le fruit d’une politique culturelle encouragée par la région. De par ce fait il ne peut exister une continuité dans la production cinématographique tessinoise.

Je n’entends aucunement traiter le problème extrêmement vaste que pose le maintien et le développement de la culture d’une minorité linguistique, voire ethnique: la Suisse italienne. Je parlerai en tant que cinéaste qui doit réaliser des films dans cette situation spécifique. Je m’appuierai sur mon expérience personnelle ainsi que sur celle de trois autres cinéastes tessinois qui, cette année, viennent de faire ou sont en train de préparer un film.

Les cinéastes et techniciens du film tessinois avaient tenté de soulever le problème du cinéma suisse-italien en signant une pétition (1975) qu’ils avaient adressée au Département fédéral de l’intérieur. Si cette pétition a eu quelques répercussions au niveau fédéral (l’aide est restée pour le moment minime), elle n’a par la suite abouti à rien au niveau cantonal et communal. D’autre part les rapports entre les cinéastes et la Télévision Suisse Italienne n’ont guère changé et la vague espérance d’un regroupement des cinéastes et techniciens du film tessinois ne s’est pas réalisée, car une adhésion à une même minorité linguistique ne suffit pas pour construire un groupe stable et actif. Ainsi il a été impossible par la suite d’établir d’autres plateformes de revendications plus approfondies, les divergences, se ramenant en fait à des divergences politiques, étant trop grandes.

Une aide au cinéma pour qu’elle soit vraiment productive implique en même temps une aide au développement de toute la culture. Cette aide doit venir de la Confédération et du canton du Tessin, comme le reconnaît le rapport Clottu:

Aux termes de l’article 116 de la Constitution fédérale, l’italien et le romanche sont des langues nationales de la Suisse; l’italien est en outre déclaré langue officielle de la Confédération, à côté de l’allemand et du français. Cette consécration juridique ne suffit évidemment pas. Toutes mesures doivent être prises, à l’échelon fédéral, pour soutenir la langue et la culture des régions suisses d’expression italienne ou romanche. Certes, en l’occurrence, il appartient aux cantons intéressés, ceux du Tessin et des Grisons, de fournir le premier effort. Néanmoins, la tâche est trop lourde pour que les cantons puissent l’accomplir seuls. C’est donc un devoir pour la Confédération de les aider.

Pourtant au niveau du canton (pour ne parler que du canton) le cinéma est le parent pauvre. Dans le budget du canton du Tessin pour les années 1973, 1974, 1975 je n’ai pas trouvé la désignation «aide au cinéma». Le rapport Clottu, lorsqu’il expose l’activité culturelle au Tessin, dédie en tout et pour tout 5 lignes au cinéma, et je lis: «est réservée comme dans les autres cantons, l’aide aux créateurs», or à ma connaissance aucun jeune cinéaste n’a jamais reçu aucune subvention du canton que ce soit pour l’élaboration d’un scénario ou la réalisation d’un film (je ne retiens pas comme «aide aux créateurs» les bourses d’études accordées aux tessinois qui suivent des cours dans des écoles de cinéma). Dans mon cas par exemple, le canton du Tessin m’a refusé l’aide que j’avais demandée en 1974 pour le sous-titrage de mon film Cerchiamo per subito opérai, offriamo... Je pensais pourtant que cela entrait dans le cadre des échanges culturels avec «l’Outre-Gothard», cela aurait permis au film de sortir du «ghetto culturel» tessinois. Le sous-titrage a par la suite été réalisé, en partie grâce à une subvention que m’a accordée le canton de Soleure, canton avec lequel je n’ai pourtant aucun lien. Le canton du Tessin verse 50 000 francs au Festival de Locarno, certes, mais cela n’apporte guère d’aide effective aux cinéastes tessinois. Toujours dans le rapport Clottu, il est écrit que: «Hormis cette manifestation (le festival de Locarno) le Tessin... ne paraît avoir de raison de fournir un effort spécial pour le cinéma», cela semble être contredit par l’écho qu’ont eu dans les festivals internationaux quelques films tessinois. Le film de B. Soldini «Storia di confine» a fait avec d’autres films suisses une tournée en Union Soviétique, dans le cadre des échanges culturels organisés par la Pro Helvetia. Les films de M. Millier ont été présentés au Festival d’Orvieto et Trento, celui de B. Scheni et T. Schtitz La nuova mappa (1973) à Florence et notre film Cerchiamo per subito opérai (1974) a participé à divers festivals internationaux: Pesaro, Mann-heim, Toulon, Nyon, etc..

Les grandes villes tessinoises n’ont aucune «politique cinématographique», à part Locarno qui alloue 30 000 francs au Festival et quelques villes des alentours de Locarno qui elles aussi fournissent une petite aide au festival. Lugano, Locarno, Bellinzona pourraient prendre comme modèle le «Filmpodium» de Zurich, le «Film am Montag» de Berne, le «Centre d’animation» de Genève, etc.. (pour le cinéma la ville de Zurich octroie une subvention de 100 000 francs, la ville de Berne 50 000 francs et la ville de Genève 60 000 francs, en plus le canton de Genève donne 230 000 francs).

La Télévision Suisse Italienne ne joue pas le rôle qu’a joué la Télévision en Suisse romande pour le «groupe des cinq», elle ne lance pas non plus d’initiative du type «Epische Schweizerliteratur» qui devrait permettre aux jeunes cinéastes suisses de réaliser des films avec la Télévision. S’il y a des contacts entre des cinéastes et certains chefs de département de la télévision, il n’y a jusqu’à présent jamais eu de colloque, entre un représentant de la télévision et des cinéastes afin de discuter d’une éventuelle politique d’entraide, de coproduction. Soulignons d’autre part qu’il n’existe pas de rubrique du type «Filmszene Schweiz» comme à la Télévision de Zurich; si certains films suisses sont programmés, ils le sont d’une manière sporadique. Il faut dire aussi qu’il n’y a que le «Corriere del Ticino» qui a une rubrique cinématographique quotidienne, sérieuse.

Quant aux organisations culturelles et syndicales au niveau cantonal, elles ne sont pas prêtes pour faire un discours culturel en soutenant d’une manière ou d’une autre le cinéma. Ces organisations ne participent généralement ni au financement des films, ni à leur diffusion.

Essayer de produire avec l’Italie ou seulement de faire distribuer un film en Italie pose des problèmes énormes, dûs surtout à la lourde administration italienne, mais aussi à l’impossibilité pour les circuits parallèles d’acheter des films suisses, étant donné le cours extrêmement bas de la lire italienne. Après deux ans de vaines tentatives mon film Cerchiamo... va enfin être distribué en Italie par «l’Art Kino» de Turin et le «Centro Documentazione» de Rome. Les tentatives de Soldini avec son film Storia di confine n’ont pas abouti.

Etant donné l’attitude de la Confédération, les rapports inexistants entre cinéastes et canton, la position de la TV suisse italienne et des organisations cultureles ainsi que l’attitude des cinéastes tessinois qui ne guère habitués à s’adresser aux autorités compétentes, nous sommes loin de pouvoir résoudre le problème du cinéma au Tessin, et cela entraîne trop souvent à la résignation, ou contraint à émigrer, ce qu’ont dû faire quelques cinéastes et surtout les techniciens: R. Berta, C. Varini, Y. Grigioni reconnus en Suisse et bien au-delà de nos frontières, travaillent rarement, voire jamais au Tessin. Adriano Kestenholz qui a étudié à l’université de Vincenens à Paris et qui était stagiaire sur le film de Thomas Koerfer Der Gehülfe et M. Bellinelli (L’anticittà, 1970) vivent pratiquement à Paris.

Pour souligner ou nuancer mon point de vue, je joins les interviews que j’ai faites avec trois autres cinéastes tessinois et qui sont assez représentatifs de la situation tessinoise actuelle.

Bruno Soldini a réalisé Storia di confine en 1972 et prépare depuis plusieurs années Il fondo del sacco.

Comment réalises-tu et produis-tu tes films? Est-ce un choix ou est-ce que cela t’est imposé par la situation actuelle au Tessin? Quelle est cette situation?

«On ne peut parler de choix. Dans notre situation il faut plutôt adapter les projets aux moyens que l’on trouve d’une manière toujours fortuite. Je n’ai pas une manière de produire particulière: j’ai réalisé un long métrage, 35 mm, couleur, et puis après, à part les divers projets — dont «Il fondo del sacco» basé sur le roman de Plinio Martini — qui sont restés au stade de scénario, j’ai dû me contenter de réaliser quelques films expérimentaux parlés en dialecte tessi-nois. Ceci est aussi dû au fait que j’ai un travail très absorbant à la télévision suisse italienne: je réalise des reportages et des documentaires pour une rubrique qui traite les problèmes internationaux et culturels. Je suis tout de même en train de travailler sur quelques idées, mais sans grand espoir de les réaliser.»

Comment ressens-tu le fait d’appartenir à une minorité? Te sens-tu isolé, désavantagé...?

«Si je considère mes expériences passées, je peux dire que, dans le cinéma, faire partie d’une minorité nous place dans une situation désavantageuse. Il est difficile d’établir des rapports de distribution et de production avec l’Italie comme avec la Suisse. Je me rends compte maintenant que la production de Storia di confine a été un simple épisode. Je pensais alors que ce premier film réalisé avec certains moyens, mais non sans problème, pouvait, même avec ses limites, être un point de départ. Mais le refus répété de la Confédération et du canton du Tessin1 aux demandes financières pourtant indispensables si l’on veut assurer à une production débutante un minimum de continuité, a alors étouffé les projets qui auraient dû naturellement faire suite à ma première expérience. La difficulté de faire accepter à Berne une optique de la culture suisse italienne différente de l’optique officielle a été soulignée aussi dans le document que les cinéastes de la Suisse italienne avaient envoyé au Département de l’Intérieur l’an passé.»

Arrives-tu à coproduire tes films avec la Télévision suisse italienne ou des organisations culturelles, syndicales, etc.? As-tu déjà fait appela l’aide du canton ou de la Confédération?

«Je me suis adressé à la Télévision suisse italienne et ai obtenu une aide à la réalisation de mon projet Il fondo del sacco, mais elle a été par la suite suspendue en raison du refus du Département fédéral de l’intérieur à ma demande d’aide à la réalisation du film. Je n’ai encore jamais demandé d’aide à la production au canton ou aux associations culturelles et syndicales.»

Comment ton film est-il distribué?

«Le problème crucial est toujours la distribution. Notre tentative isolée d’insertion dans la distribution suisse et italienne n’a donné aucun résultat. Je pense que l’absence de continuité dans la production des films au Tessin complique les choses et empêche la formation de rapports entre les cinéastes tessinois et les possibles canaux de distribution, surtout, les circuits alternatifs.»

Ressens-tu un manque d’informations? Es-tu en contact avec des cinéastes?

«Les informations et les contacts entre nous, cinéastes tessinois et le reste de la Suisse font preuve d’une certaine carence. Cela est dû aussi au fait que peu d’entre nous travaillent exclusivement pour le cinéma. D’autre part les faibles possibilités de production ne poussent pas non plus les cinéastes tessinois à s’organiser. La tentative de l’an passé, au moment où nous nous sommes réunis pour revendiquer une plus grande attention de la part du Département fédéral de l’Intérieur, section cinéma, sur les problèmes de la culture en Suise italienne, n’a donné naissance a aucune organisation stable.»

Fais-tu partie de l’association suisse des réalisateurs de films?

«Non, je dois admettre qu’il s’agit principalement d’un manque d’intérêt de notre part, dû en partie à la somme de tout ce que j’ai énuméré avant.

En conclusion je dirai que j’ai l’impression que donner à la Suisse italienne une production cinématographique relativement indépendante pour la joindre aux innombrables émissions de télévision, est peu avisé, car la possibilité de lancer une production culturelle autonome existe au Tessin. En fait, la situation actuelle nous prive d’une possibilité de confrontation et surtout d’un intéressant apport culturel.

Mino Millier fait de la sonorisation et des services à la radio, et réalise ses films le samedi et le dimanche et pendant ses vacances.

Comment réalises-tu tes films? Est-ce un choix ou est-ce que cela t’est imposé par la situation actuelle au Tessin?

«Au Tessin il n’existe pas d’infrastructure permettant de favoriser le développement du cinéma. Etant autodidacte j’ai dû financer moi-même mon premier film Uomini e Alberi (1972). Valmaggia (1974) m’a été commandé par l’Office du Tourisme de la Valle Maggia et le Département de l’Economie publique du canton du Tessin. Pour mon dernier film La montagna dentro (1976) j’ai reçu une aide de la Migros et le Club Alpin Italien m’a garanti l’achat de deux copies du film. Mais dans la situation actuelle je ne pourrai plus réaliser d’autres films sans subvention. Aussi j’espère que l’accueil favorable qui a été réservé à mes films par le public et par les critiques puisse à l’avenir m’aider à obtenir d’éventuels subsides de la part des autorités compétentes.»

Comment ressens-tu le fait d’appartenir à une minorité? Te sens-tu isolé, désavantagé?

«Je dirais que, plus que désavantagé, je me sens isolé. Les contacts avec les autres cinéastes sont rares. Il n’a que les journées de Soleure qui peuvent me permettre de rencontrer d’autres cinéastes. Mais c’est surtout le problème linguistique ainsi qu’une certaine mentalité qui maintient le Tessin isolé des autres régions. Je me rends compte qu’avec l’Italie les contacts sont plus faciles. Cela est dû aussi au fait qu’il y a beaucoup plus de festivals et de manifestations cinématographiques. Je trouve aussi qu’il serait souhaitable que les revues cinématographiques soient traduites en italien, ce qui permettrait une meilleure information.»

Arrives-tu à coproduire tes films avec la TV suisse italienne ou des organisations culturelles? As-tu déjà fait appel à l’aide du canton ou de la Confédération?

«Je n’exclus pas la possibilité de produire des films pour la TV. Il y a du reste dernièrement une plus grande disponibilité de la part de la TV suisse italienne. Je dois ajouter que Uomini e alberi a été diffusé à la TV et la programmation de La montagna dentro est prévue. Ayant réussi, certes en faisant de grands sacrifices personnels, à réaliser mes trois films seul, j’ai renoncé, connaissant la militation du budget de la Confédération à demander une aide au Département fédéral de l’Intérieur.

Giovani Doffini a fait divers stages à la Télévision suisse Italienne. Il est actuellement inscrit à l’Université de Vincennes à Paris.

Comment as-tu produit ton film E noialtri appren-disti...?

«Avant de parler de production je dois préciser que je suis un peu embarrassé de parler à la première personne du film étant donné que sa réalisation n’a été possible que grâce à la collaboration spontanée et à l’aide de plusieurs personnes qui avaient souvent plus d’expérience que moi.

D’ailleurs la réalisation du film a été pour ainsi dire commencé avant même que naisse l’idée de le faire, c’est pour cela qu’il est difficile de parler de production au vrai sens du terme. J’ai tout d’abord suivi les événements de l’intérieur en enregistrant tout sur un Nagra loué parce que cela était utile aux apprentis eux-mêmes (surtout pendant les négociations). De temps en temps, quand je pouvais, je tournais quelque trente mètres de pellicule avec ma caméra Bolex ou d’autres cinéastes l’ont fait pour moi, afin d’avoir quelques documents. Les apprentis ont fait beaucoup de photos pour leur dossier. C’est seulement après la fin des événements et après avoir juger leur importance pour les apprentis (dont je connais très bien les problèmes par expérience personnelle) qu’on s’est posé la question d’utiliser ce matériel et d’en faire un film. Le but principal du film n’a donc pas été celui de créer une œuvre cinématographique, mais simplement de faire connaître le plus largement possible, surtout aux apprentis suisses, l’expérience de lutte des apprentis de Trevano. On a donc emprunté le langage cinématographique comme moyen de contre-information. Après les événements, il a fallu encore tourner quelques séquences à l’école, filmer les photos et illustrer les négociations. Cela aussi a été fait par plusieurs personnes et enfin le montage et le repiquage du son ont pu être faits pendant le temps libre, à la Pic-Film de Lugano qui n’a pas encore été payée. Tous les collaborateurs ont travaillé gratuitement par solidarité avec les apprentis. Je peux donc conclure que ce mode de production n’a pas été un choix, mais ce sont les conditions particulières qui l’ont imposé.»

Arrives-tu à coproduire tes films avec la TV suisse-italienne ou des organisations culturelles? As-tu déjà fait appel à l’aide du canton ou de la Confédération?

«Je n’ai même pas demandé l’aide financière de la Télévision Suisse-Italienne et du canton, sachant que cela était exclu à priori. Par contre en juillet 1975 j’ai envoyé 83 lettres avec documentation à des partis politiques du mouvement ouvrier, des organisations syndicales et culturelles, à des personnalités et à des enseignants de l’école professionnelle. J’ai reçu une dizaine de réponses, toutes négatives. En ce qui concerne l’aide de la Confédération la question n’est pas encore résolue, un colloque avec les autorités responsables est prévu juste ces prochains jours. Par contre, déjà au mois de novembre, les assemblées ordinaires des apprentis de l’école de Trevano ont décidé de participer au financement du film avec le versement de Fr. 1 500.­– provenant des bénéfices réalisés lors des fêtes organisées dans l’école. Le directeur de l’école, qui gère cet argent s’y est toutefois opposé et les apprentis ont entrepris des actions pour obtenir le respect de leurs décisions.»

Comment ton film sera-t-il distribué?

«Pour la distribution au niveau local je pense que je devrai m’en occuper personnellement puisqu’il n’existe aucun réseau en dehors du cinéma commercial. Plusieurs groupes d’apprentis et quelques cinéclubs ont déjà demandé à louer le film dès qu’il sera terminé. Pour le reste de la Suisse, la distribution ainsi que l’adaptation en allemand et peut-être en français sera prise en charge par le Film-Cooperative de Zurich.»

As-tu des contacts avec des cinéastes suisses et fais-tu partie de l’association?

«Je dois dire que j’ai de très bon contacts avec certains cinéastes suisses, et plusieurs m’ont donné une aide précieuse et désintéressée lors de la réalisation de E noialtri appren-disti...

Quant aux associations de réalisateurs ou de techniciens, je dois dire que je n’ai pas d’objection pour y adhérer, mais mon statut de «cinéaste» est encore pour le moment occasionnel, je resterai plutôt technicien.»

Mon dernier film Cerchiamo per subito opérai, offriamo... film documentaire avait été aussi une expérience de travail collectif. Depuis lors, c’est-à-dire depuis deux ans, j’ai travaillé avec trois historiens sur un nouveau projet: San Gottardo dont le thème est le percement des deux tunnels du Gothard. Ce sera un long métrage dont une partie sera documentaire et l’autre une reconstitution historique sur le percement d’il y a 100 ans, ces deux niveaux s’entremêleront. Je viens de terminer le scénario, les dialogues ont été écrits en trois langues, allemand, français et italien par Peter Zeindler, André Puig et Giovanni Orelli qui avait déjà collaboré au film Cerchiamo...

Villi Herman et Eve Martin

Quand Storia di confine est passé dans les salles de cinéma au Tessin, Soldini avait demandé au canton le remboursement d’une partie des impôts prélevés sur la vente des billets, car il pensait que c’était une manière d’aider le cinéma tessinois. Cette somme aurait pu lui permettre de poursuivre ses recherches cinématographiques. Il n’a jamais reçu de réponse des autorités compétentes.

DER TESSINER FILM

1975 richteten die Tessiner Filmgestalter und Filmtechniker eine Petition an das Eidgenössische Departement des Innern, um auf die Probleme der italienisch sprechenden Filmschaffenden unseres Landes aufmerksam zu machen. Zwar fand sie auf Bundesebene einiges Echo — obschon bis jetzt die Hilfe minim blieb —, vermochte jedoch bei Kanton und Gemeinden nicht das geringste zu bewirken. Ohne diese Unterstützung aber ist ein kontinuierliches Schaffen undenkbar. Es geht dabei gar nicht so sehr um das Beibehalten und das Entwickeln der Kultur einer sprachlichen Minderheit, sondern vor allem darum, dass in dieser Situation Filmschaffende Filme machen möchten. Die Zusammenarbeit mit dem Tessiner Fernsehen ist kaum erwähnenswert; ähnliche Versuche wie beim Westschweizer Fernsehen mit dem «Groupe des 5» oder, beim Deutschschweizer Fernsehen, mit dem Wettbewerb «Epische Schweizerliteratur» sind weder durchgeführt noch geplant worden. Auch existiert keine Sendung, die etwa mit der «Filmszene Schweiz» verglichen werden könnte. Niemand in Bellinzona, Lugano oder Locarno tritt in die Fussstapfen eines «Filmpodiums» (Zürich), eines «Film am Montag» (Bern) oder eines «Centre d’Animation Cinématographique» (Genf), um die Filmkultur zu verbreiten. Allein auf weiter Slur steht das Internationale Filmfestival von Locarno, welches die Probleme der Tessiner Filmschaffenden auf keine Weise zu lösen vermag.

Die meisten Versuche, mit Italien zusammenzuarbeiten, scheitern an der Schwerfälligkeit der italienischen Behörden und am tiefen Kurs der italienischen Lire.

All diese Schwierigkeiten haben die meisten Filmschaffenden dazu gebracht, entweder zu resignieren oder — vor allem die Filmtechniker wie R. Berta, C. Varini oder Y. Grigioni — auszuwandern.

Bruno Soldini (Storia di confine, 1972) verdient seinen Lebensunterhalt mit Reportagen und Dokumentarfilmen für das Tessiner Fernsehen und arbeitet gegenwärtig an einem eigenen Projekt, II fondo del sacco, nach dem Roman von Plinio Martini. Mino Müller (Uomini e Alberi, 1972; Valmaggia, 1974; La montagna dentro, 1976) macht Vertonungen und arbeitet beim Radio; filmen kann er nur übers Wochenende und während der Ferien.

Giovanni Doffini hat verschiedentlich fürs Tessiner Fernsehen gearbeitet und studiert gegenwärtig an der Université de Vincennes in Paris. Sein Film E noialtri apprendisti... ist nie als ein filmisches Werk geplant worden, sondern sollte nur dazu dienen, die Kampferfahrung der Lehrlinge von Travano an andere, vor allem Lehrlinge, weiterzugeben; also eine Gegeninformation.

Villi Herman (Cerchiamo per subito operai, offriamo..., 1974) arbeitet an einem neuen Projekt: San Gottardo. (AEP)

Villi Herman
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
Werner Jehle
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
Eve Martin
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
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