JEAN-PIERRE BROSSARD

LA BULGARIE DANS L’HISTOIRE

ESSAY

Si l'on demande à des intellectuels occidentaux de citer le nom d'un écrivain bulgare classique ou contemporain, il y a fort à parier que neuf sur dix en seront parfaitement incapables. De même, si l'on demande à n'importe quel citoyen de situer la Bulgarie avec précision, beaucoup répondront que ce pays se place à l'extrémité est de l'Europe, non loin de l'Orient.

En fait, la Bulgarie fut au cours des siècles le lieu du choc entre l'Orient et l'Occident, que ce soit celui des idées ou des batailles.

Bref survol historique

Remontant brièvement aux sources, disons que son histoire commence avec la civilisation thrace; au début de notre ère, ce sont les Romains et les Grecs qui se partagent le pays, puis vient Byzance. Au VIIe siècle, sept tribus slaves peuplent la Moésie, alliées aux Protobulgares établis à l'embouchure du Danube, et fondèrent ce que les chroniqueurs de l'époque appellent «La Grande Bulgarie» avec à sa tête le Khan Koubaté.

Sous les règnes de Boris Ier et de son fils Siméon (IXe et Xe siècles), la Bulgarie connaît une époque brillante; l'adoption du christianisme comme religion officielle a une influence bénéfique sur le processus d'unification du pays qui adopte ainsi les formes de la culture et du droit byzantin; ces changements historico-politiques amènent à la création d'une écriture slave, travail auquel s'attèle les deux frères Cyrille et Méthode, dont l'alphabet devient langue officielle de l'Etat.

Une littérature originale se développe rapidement de même que l'art pictural et les miniaturistes.

Des siècles troublés suivent pour voir, en 1396, la Bulgarie tomber sous la domination ottomane, ensevelissant sous les décombres les conquêtes de la civilisation et de la culture.

Des révoltes fréquentes marquent ces cinq siècles d'occupation, dont l'esprit est symbolisé en quelque sorte par l'«Histoire slavo-bulgare» écrite par le morne Païssi (1722-1798), dans son monastère du Mont Athos. Sous des traits quelque peu naïfs, il lance un vibrant appel aux Bulgares, les enjoignant à aimer leur patrie, leur terre et la langue de leurs ancêtres. Ses idées trouvent un écho vif; de même, les idéaux de la Révolution française arrivent aux confins du Danube.

Des volontés d'indépendance nationale se font jour, et après des années de combats sporadiques contre les Turcs et la formation d'un corps expéditionnaire par les Bulgares émigrés, soutenus par les Russes, les espoirs de libération se concrétisent; la guerre de Crimée les réduira à néant.

Un travail à l'intérieur se poursuit par la formation d'un corps révolutionnaire et la propagation des idées, aboutissant à une insurrection réprimée alors avec une telle violence que l'Occident s'en émeut. Cependant en juin 1877, les troupes russes libèrent le pays et en 1878, un traité marque l'indépendance de la Bulgarie, signifiant par-là même la fui de l'Empire Ottoman.

Époque contemporaine

Le jeune état connaît encore de nombreux soubresauts avant de faire son entrée dans le XXe siècle; il y arrive avec une Industrialisation quasi inexistante, une agriculture aux méthodes archaïques et de lourdes séquelles des guerres passées. Le début d'industrialisation provoque cependant la naissance de groupes socialistes et la formation du parti social-démocrate. En 1904, les syndicats fusionnent en une Union générale des syndicats ouvriers; on trouve au conseil de direction un jeune typographe, Georges Dimitrov (1882-1949).

En 1914, la situation stratégique du pays et les offres de l'Allemagne de faire des concessions territoriales incita les Bulgares à déclarer la guerre à la Serbie: une nouvelle fois dans la ronde des conflits pour en ressortir ruinés.

Mais dès 1919, l'influence du Parti communiste grandit (env. 20% des mandats aux élections); il provoque une insurrection générale en 1923, contre le régime fasciste de A. Tzankov, insurrection qui échoue et amène une terreur blanche sur le pays. Des écrivains, Romain Rolland, Henri Barbusse, ont stigmatisé cette répression.

Dans la période de 1925 à 1939, la Bulgarie connaît un développement très faible, les capitaux provenant essentiellement d'Allemagne. La production est surtout agricole et la majeure partie des importations et exportations se font avec le Reich. Puis, durant la guerre, le commerce extérieur de la Bulgarie devient un monopole de l'Allemagne, totalisant en 1944, plus de 70 milliards de marks de créances à valoir vis-à-vis du Reich. Or la subordination économique entraîne fatalement la dépendance politique; en 1940, la Bulgarie se range aux côtés des pays fascistes.

Peu après l'annonce de l'invasion de l'Union soviétique par les armées hitlériennes, la résistance bulgare prend corps, et des actions de sabotage et de résistance se répandirent dans tout le pays. La troïka qui succède à Boris III, en 1943, continue à soutenir et aider Berlin.

De son côté le «Front de la Patrie» prépare une insurrection populaire. Dès septembre 44, date de la déclaration de guerre de l'URSS à la Bulgarie, des détachements de partisans se concentrent, ralliés par certaines unités de l'armée, et la jonction avec les troupes soviétiques s'effectue dans la nuit du 8 au 9 septembre, occupant les centres administratifs de la capitale.

Sur sa demande la Bulgarie participe à la lutte antifasciste, en territoire yougoslave, avec une armée de 450 000 hommes, dont plus de 30 000 perdront la vie. Lors d'un référendum le 8 septembre 1946, le peuple bulgare abolit la monarchie et proclame la république (92%).

La bulgarie choisit le socialisme

Un mois plus tard, lors d'élections parlementaires, le Parti Ouvrier Bulgare obtient une imposante majorité (55%); G. Dimitrov forme le nouveau gouvernement du «Front de la Patrie» qui recueille 70% des suffrages. L'année 1947 est consacrée à doter le pays d'une nouvelle constitution ratifiant l'option socialiste. Au deuxième congrès du «Front de la Patrie», février 1948, G. Dimitrov recommande d'accentuer la révolution culturelle, en éliminant l'influence des idées bourgeoises. Le Jdanovisme l'emporte sur la tendance Lukas. Il n'empêche que le gouvernement bulgare accomplit en quelques années un effort de socialisation absolument remarquable.

L'enseignement jusqu'au degré universitaire est gratuit et le cycle scolaire primaire et secondaire, d'une durée de 11 ans, inclut des multiples possibilités d'orientation et des stages et travaux pratiques reliant l'école à la vie. En fonction des besoins suscités par la forte industrialisation, l'enseignement professionnel et technique s'est considérablement développé, car d'Etat essentiellement agricole en 1939, la Bulgarie est devenue un état industriel moderne (82% contre 18% à l'agriculture).

Le salaire nominal moyen est actuellement d'environ 150 à 200 leva mensuel, dont il faut déduire 3% pour le logement et 5% pour les taxes et assurances.

Les nouvelles méthodes de gestion économiques dans l'agriculture et dans l'industrie ont permis une élévation du niveau de vie et le Bulgare dispose d’une infrastructure culturelle (livres, musique, théâtre et cinéma) développée et de qualité. L'apparition d'articles de luxe et l'amélioration de la qualité des produits, ainsi que les avantages sociaux nombreux, prouvent que les Bulgares sont parmi les mieux lotis du camp socialiste.

Les écrits et films récents démontrent que ce peuple s'intéresse beaucoup aux grands courants d'idées mondiaux; serons-nous, nous-mêmes, assez curieux pour approcher ce que ce pays peut nous offrir, ne serait-ce que par sa culture?

HISTORISCHER ABRISS

Die erste Blütezeit Bulgariens fällt ins 9. und 10. Jahrhundert: mit der Einführung des Christentums und dem Einzug der byzantinischen Kultur wird das Land geeint. Die Schaffung der slavischen Schrift erlaubt die rasche Entwicklung einer eigenständigen bulgarischen Literatur.

1396 fällt Bulgarien unter türkische Herrschaft, aus der es sich erst 1877 mit russischer Hilfe befreien kann. Zu Beginn unseres Jahrhunderts ist Bulgarien nur schwach industrialisiert, doch bereits 1904 wird ein einheitlicher Gewerkschaftsbund gegründet, dessen Leitung der junge Typograph Georgi Dimitroff angehört.

Im Ersten Weltkrieg kämpft Bulgarien auf der Seite der Mittelmächte. Nach 1919 wächst der Einfluss der Kommunisten (mit etwa 20% der Parlamentssitze); ein Aufstand gegen das faschistische Regime Zankoff scheitert und löst ein weisses Terrorregime aus. In den dreissiger Jahren gerät Bulgarien in eine starke Aussenhandelsabhängigkeit von Deutschland, was 1940 zum Kriegseintritt auf deutscher Seite führt.

Im September 1944 besetzen die Rote Armee und bulgarische Partisanen die Hauptstadt. Bis zum Kriegsende setzen bulgarische Truppen den antifaschistischen Kampf in Jugoslawien fort. 1946 wird die Monarchie mit grossem Volksmehr abgeschafft. Aus den Wahlen geht Dimitroffs Bulgarische Arbeiterpartei mit der absoluten Mehrheit der Sitze hervor und er bildet die Regierung der «Vaterländischen Front». Seither hat Bulgarien seine Wirtschaft, das Erziehungswesen und den kulturellen Bereich rasch entwickelt. (meg)

Jean-pierre Brossard
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
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