KRISZTINA KOVACS

GASPAR NOÉ — ENVERS ET CONTRE TOUT/TOUS

ESSAY

«À ceux qui nous ont faits et qui ne sont plus». Voici la dédicace du dernier long métrage de Gaspar Noé, Climax (FR, 2018), si on ne compte pas Lux Aeterna (FR 2019), moyen métrage présenté à Cannes en mai 2019. Une dédicace nourrie d’influences ciné et visuelles faisant référence à ses prédécesseurs disparus: sa famille, ses ancêtres et ses réalisateurs préférés. Le réalisateur franco-argentin demeure un esprit inclassable du cinéma contemporain français. Chacun de ses films constitue un évènement, traumatisant et/ou édifiant, et cette interaction est un souci primordial de son travail de réalisateur. Il surprend, interroge au plus profond de la chair et des valeurs, tout en restant fidèle à lui-même via la production d’un ciné d’inspiration largement autobiographique. On le ressentira très clairement dans Love (FR 2015), critiqué pour son manque de subtilité mais surtout pour son nombrilisme (d’autres diront: une vérité trop crue à accepter). Certains spectateurs auront l’impression que Love est trop éloigné de la vision du cinéma de Noé pour être sincère, qu’il s’y justifie, ce qui entache la spontanéité du film. Love reste peut-être son film le plus abordable et le plus populaire, avec une poésie différente de ses autres œuvres sans aucun doute plus abrasives et davantage nourries de sa philosophie.

Récemment, Noé a affirmé dans une interview avec le réalisateur Jan Kounen, tirée des bonus du DVD de Climax, qu’il exécutait bien des compilations de ses films (en reprenant certains thèmes), mais que le principal était de fournir l’effort de «ramener un élément nouveau dans ce que tu sais faire». En effet, en fil rouge de son œuvre, on retrouve sa fascination pour les thèmes immuables de la vie, de la mort, du sexe, et du rapport à la famille (souvent trouble, comme dans Carne, FR 1991), aux autres (Seul contre tous, FR 1998), mais aussi à la dépendance et à la spiritualité. Un rapport qui passe obligatoirement par la transgression: le viol, l’inceste, les drogues; notamment dans Irréversible (FR 2002) et Enter the Void (FR 2010). Illustrons ce propos par Climax, tourné en deux semaines avec des acteurs quasi inconnus, et par Irréversible, au scénario labyrinthique avec le couple star Cassel-Bellucci. En apparence différents, ils présentent pourtant énormément de similitudes, tant sur le plan thématique que photographique/filmique. Des topics fondamentaux de la vision de ciné de Noé y sont présents. On peut cependant contraster leur réception à Cannes. Irréversible en Compétition en 2002 aura provoqué la sortie de plusieurs dizaines de personnes, alors que Climax présenté en 2018 à la Quinzaine des réalisateurs, sensiblement moins. Pourtant, même procédés techniques: générique avec typo personnalisée, photographie impeccable, caméra aérienne, plan(s) séquence(s), narration hachée, musique assourdissante et constante. Comment expliquer ce revirement de la part du public? Se serait-on habitué à la violence des images au cinéma? Connaît-on mieux Noé? Et même: quand tout aura été filmé, Noé arrivera-t-il encore à choquer?

Irréversible réalité

Comment écrire à propos d’un film réalisé il y a dix-sept ans, mais qui s’est directement imposé dans les esprits comme un des films français les plus choquants et les plus violents de tous les temps? On peine à oublier le fameux massacre crânien dans Irréversible, immortalisé par une caméra fixe, tout autant que le couloir rouge où se produit durant neuf minutes l’insoutenable scène de viol. Le cocktail ciné de Gaspar Noé semble être un sempiternel mélange de violence, de sexe et de drogues. Au-delà de ces topics rabâchés à propos de son œuvre, on peut y voir une étude philosophique du temps destructeur et l’évocation symbolique de la régénération. Irréversible illustre avec brio et puissance la nature destructrice des évènements et leur tragique irrévocabilité. Qualifié de nauséabond, de répulsif et de sadique à sa sortie, le scénario montre comment, suite au viol de sa femme, Marcus, accompagné de son meilleur ami Pierre, tente de retrouver le coupable dans un Paris glauque.

Le cinéaste franco-argentin, fils du peintre néo-figuratif Luis Felipe Noé, a accordé une interview assez punk au média français Konbini en juin 2015, dans laquelle il s’explique sur les plus grands thèmes de son cinéma, avant la sortie de son quatrième long métrage, Love. Sans plus de détours, on l’interroge sur la séquence du meurtre à l’extincteur dans Irréversible (2002). Un gros plan qui reste une référence dans le cinéma indépendant et borderline gore. Cet extrait aura autant de répercussions (ou presque) que la scène de viol qui y figure. Expliquons-nous. Au début d’Irréversible, on assiste à l’agonie lente et douloureuse d’un homme dans une backroom sordide d’un club BDSM: son visage est entièrement explosé par les coups d’extincteur portés par le personnage enragé d’Albert Dupontel (Pierre). On a pu le deviner: Noé chérit sa liberté d’action derrière la caméra, il peine à s’habituer à un scénario construit. Au cinéma d’auteur et à des dialogues composés, il préfère le film d’horreur, à la puissance visuelle décuplée. Vouloir communiquer cet impact graphique à corps perdu, c’est peut-être la plus grande force de son cinéma, mais celle aussi qui semble le plus incommoder à chaque nouveau film. Le réalisateur dit vouloir jouer avec le langage cinématographique habituel: il faut alimenter l’intérêt du public, son empathie. Pour faire ressentir une émotion, il faut surdoser, montrer la violence parce que les gens savent que c’est «pour du faux», une illusion propre au cinéma.

Narration discontinue et espace-temps

Irréversible, filmé en treize séquences dont six longs plans-séquences, est monté en ordre antéchronologique. En commençant par la triste fin des évènements puis en remontant leur cours vers un bonheur perdu, le montage semble offrir un faux happy end. Toutefois, l’inversion de la chronologie la rend irrationnelle, car la logique voudrait qu’elle corresponde au début du film. La structure est là pour faire ressentir le vertige de l’horreur, le poids du temps et du drame qui s’est tramé. Les crédits fluos sur fond noir ouvrent le film et défilent à l’envers (typographié IЯЯƎVƎЯƧIB⅃Ǝ sur les affiches), les lettres tournent alors sur elles-mêmes, sur un fond musical solennel, affublé du proverbe épique ‹tempus edax rerum› (traduction: Le Temps dévore tout). Le début du film voit un vieil homme intoxiqué annoncer prophétiquement «qu’il n’y a pas de méfait, rien que des faits», et «qu’il faut continuer à se battre et à vivre». Ceux qui ont vu Seul contre tous (Noé, FR 1998) reconnaîtront Philippe Nahon. Dans Irréversible, en homme brisé, il ne fait qu’une courte apparition, presque prophétique par ses paroles. Un clin d’œil de Noé à son film précédent, Seul contre tous, qui se concentre sur le quotidien de Nahon, propriétaire d’une boucherie chevaline dans une banlieue française glauque dont il n’arrivera jamais à s’extraire. Nous sommes confrontés à sa colère, son racisme, et à sa relation trouble et incestueuse avec sa fille unique. L’inceste, sous diverses formes, reviendra, présente dans Climax (Noé, FR 2018) et surtout dans Enter the Void (Noé, FR 2010) entre Oscar et Linda, un amour fraternel qui se poursuivra jusqu’après la mort à travers l’esprit d’Oscar.

Faisant le lien entre les séquences par un fade in/out, la caméra d’Irréversible – véritable narratrice omnisciente – est montée soit sur une grue (plan d’ensemble du club, vu de l’extérieur; plan du parc verdoyant à la fin), soit en plan fixe afin de cadrer les faits. Il s’agit de poser un cadre concret. Autrement, dans la plupart des scènes d’action, elle est libre, déstructurée, et projette le spectateur dans la confusion et le désordre tant émotionnel que physique du récit. Un procédé qu’on retrouvera également dans Enter the Void, encore plus poussée, pour retransmettre en POV ce que l’âme d’Oscar perçoit, autant après sa mort, planant au-dessus de Tokyo, que durant sa vie terrestre, ses hallucinations sous DMT et ses souvenirs d’enfance. Le spectateur est immergé dans un monde de bruit et de fureur, privé de tout dialogue, de tout repère visuel, uniquement transporté par une rage vengeresse palpable en ‹crescendo›. Face à l’animalité des images, on peut à peine commencer à comprendre l’inexplicable, au fur et à mesure que les séquences dévoilent les évènements qui ont eu lieu en amont de l’agression d’Alex (Monica Bellucci). Par deux fois, son personnage annonce les faits. Elle dit, outre avoir fait un rêve d’un tunnel rouge cassé en deux, lire un livre qu’on la voit lire au plan final du film (An experiment with time de J. W. Dunne). Selon l’ouvrage, explique-t-elle à Pierre et Marcus, «le futur est déjà écrit, tout est là, dans les rêves». Le motif du livre comme guide des vivants sera repris dans le prochain film de Noé, Enter the Void, où Oscar, le protagoniste principal lit le Livre Tibétain de la vie et de la mort qui présage l’immortalité de son âme après s’être délogée de sa dépouille mortelle. Les prémonitions d’Alex dans Irréversible font l’ossature de l’œuvre de Noé et le rythment.

L’esthétique de Noé

Le film Irréversible ne dure d’ailleurs que 96 minutes mais les plans sont tellement chargés de symbolisme et d’émotions que l’œuvre, forte de sa structure en boucle réversible, paraît retracer un drame infini dont le public demeure prisonnier. Le spectateur passe par les rôles de témoin d’une violence inouïe, observateur de la douleur et voyeur. Les infernales lumières rougeâtres, ainsi que les nombreux flashs stroboscopiques contribuent autant que la bande son à donner corps à un récit de vengeance aveugle et à une épaisse ambiance malsaine. La couleur rouge, symbole ambigu de la violence et de l’amour, domine dans chaque scène d’agression ou de meurtre. Lors de la scène de viol, le rouge omniprésent, tranche avec le blanc de la robe d’Alex, accentuant ainsi l’amour violent et meurtrier. Le jaune orangé colore quant à lui les scènes d’amour et de sérénité. Climax offre énormément de plans rouges lors des scènes de délire et de violence. Parallèlement à une musique originale composée par Bangalter, les trente premières minutes du film sont accompagnées d’un bruit de fond d’une fréquence de 27 Hz4 (basse fréquence proche d’un infrason), aussi utilisé par la police pour calmer les émeutiers. Difficilement audible, il peut être ressenti et provoquer nausées et vertiges. La basse fréquence contribue à modeler une tension palpable. Graphiquement, l’admiration de Noé pour Kubrick, et tout particulièrement 2001: Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, UK 1968), transparaît autant dans les couleurs vertigineuses que dans la musique (la 7e Symphonie de Beethoven est aussi utilisée dans le film culte) et même sous forme de poster dans la chambre du couple. L’affiche, qui représente un fœtus, apparaît encore comme un symbole cyclique de (re)naissance et de régénération, donc de maternité.

Le réalisateur reste fidèle à lui-même dans Climax (notamment pour le montage et les mouvements de caméra), tout en ajoutant une sensible touche d’humour et d’absurde assez surprenantes à un récit cauchemardesque inspiré de faits réels survenus pendant l’hiver 1996 en France. Noé relève le défi de filmer la violence et la souffrance d’un autre point de vue, cette fois par le médium de la danse. Des mouvements archi-chorégraphiés, des gestes mesurés pour une expression du viscéral. À l’avant-première suisse en juin 2018 à laquelle il n’a pu assister que par appel vidéo en direct, il est tout sourires et taquin. Il est accueilli en véritable rock star par les cris et applaudissements d’un public assez jeune, avides de découvrir son film, tourné en 15 jours et présenté à la quinzaine des réalisateurs le mois d’avant à Cannes1. Via l’appel vidéo, Noé nous explique qu’il a eu l’idée de filmer une troupe de danseurs parisiens des banlieues, pratiquant le voguing2 lorsqu’il était à un ‹ball› (un bal de voguing) organisé par des troupes parisiennes, dont Kiddy Smile, acteur dans Climax, DJ et artiste hip-hop militant pour les droits LGBT, fait partie3. Avec beaucoup d’humour, Noé nous souhaite une bonne projection, une «belle expérience» et espère vraiment que «personne ne sortira de la salle avant la fin»4 même si il répète que c’est à son avis, son film le plus mesuré car «il a décidé de ne pas montrer de pénis dedans». Rires. Une forme de compromis.

Nostalgie 90’s et VHS

L’intrigue du film est simpliste. Une troupe de danseurs urbains fête la fin d’un stage, et quelqu’un met du LSD dans la sangria, à leurs dépens. S’ensuivent hallucinations, délires, crises d’épilepsie et situations improbables et fâcheuses que chacun vit différemment. Leur esprit devient paradis ou enfer et les confronte à leurs névroses et leurs psychoses pendant une longue nuit. La connaissance de soi, l’expérience par la transgression, encore une fois. Nous rencontrons le groupe de danse par les vidéos de casting spontanées, non dénuées d’humour, qui ouvrent le film. «Crois-tu au Paradis?» «Oui. Parce que je veux y croire» ou encore «J’ai quitté Berlin car il y avait trop de drogues, mon ex-coloc prenait de l’acide par les yeux, c’était trop nul.» Il y a aussi une lecture parallèle du sort de ces individus, enfermés dans une salle des fêtes glauque, qui ne vivent que dans et par leur corps, et pour lesquels s’échapper psychologiquement est douloureux, voire inconcevable. Noé pousse souvent des appels à voir autrement et à penser à l’au-delà, à une autre division du temps. Il faut souligner que les vidéos de casting sont projetées au centre de l’écran encastrées dans une bibliothèque et bordées de VHS à la typo reconstituée par T. Kan, le graphiste collaborant avec Noé depuis plusieurs années. On y retrouve les références cultes du réalisateur: Zulawski, Kubrick, des films d’horreur, Fassbinder.

Climax, en huis clos, est scindé en deux actes. On nous offre plusieurs versions, deux facettes de la vie comme si l’une était «la joie de vivre» et la deuxième «l’enfer de la réalité». Le film s’ouvre dans une insouciance festive: une chorégraphie hallucinatoire de 10 minutes (sur un remix de Cerrone, le culte ‹Supernature›) en plan continu dont aérien, puis bascule fatalement. On reconnaît aussi la familière division du film en chapitres avec les citations en typographie épaisse, imposante («Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. La vie est un plaisir fugace.»). Ces phrases, comme des sentences, prédisent le sort des protagonistes du film, et définissent ce qui va suivre. Une segmentation discontinuée du récit opérée dans Irréversible, et dans Love également. Le mot expérience pour parler de son travail prend encore une fois tout son sens lors du visionnage de Climax. Les infernales lumières rougeâtres, la caméra en tourbillon, le cadrage cru et les plans aériens évoquent Irréversible. Il faut mentionner la musique du film, un mélange de classiques électro, techno et de funk; et de nouveaux morceaux composés pour le film par Thomas Bangalter (la moitié de Daft Punk avait aussi composé pour Irréversible) qui se marie parfaitement aux images, véritable ciment d’ambiance. Climax reste une comédie musicale d’horreur et le titre semble faire référence au point culminant, qu’il soit de l’horreur, d’une représentation artistique ou du plaisir sexuel. La bande son est primordiale chez Noé, qui choisit minutieusement les morceaux afin qu’ils épousent parfaitement l’image. Dans Climax, il n’y a presque aucun instant sans musique, qu’elle soit en fond, ou mise à l’avant pour accompagner les sentiments des personnages. Windowlicker d’Aphex Twin qui résonne au plus haut du trip collectif est là pour faire ressentir au spectateur le point maximal de l’horreur et de l’exacerber. Le doux et mélancolique Angie des Rolling Stones, survient, salvateur, après la tempête, comme une plainte, un constat triste de la fête.

Le public reste absorbé et évidemment horrifié pendant la plus grande partie du film, mais quelques rires nerveux s’élèvent dans la salle. Il faut dire qu’il y a aussi énormément d’humour noir et d’absurde à voir ces personnages qui se débattent vainement contre une force immatérielle, invitée par la fête et le désir de démesure, qui prend possession de leur esprit et de leurs corps. Un parallèle intéressant avec la danse (vitale), la mesure du geste et la précision jusque dans l’agression et la panique. Une démarche similaire à celle entreprise dans Irréversible, résultant en une œuvre franche, physique, une danse tribale voguant entre le profane et le spirituel.

Metteur en scène impulsif et cru, le travail de Gaspar Noé n’en est pas moins captivant. Il mène depuis la fin des années nonante une croisade contre les convenances cinématographiques et cherche incessamment un compromis entre film narratif et film hallucinatoire, en ayant recours à l’expérimental (3D). Dans un paysage cinématographique français de plus en plus prudent, répétitif et cloisonné, il reste authentique dans sa façon de filmer et défend avec franchise la richesse de sa démarche artistique. Alors Noé arrivera-t-il encore à choquer? Ou a-t-il trop habitué son public à son propos, le rendant plus émoussé? Par sa soif de renouveler ses techniques filmiques, de changer de genre, de collaborer avec des acteurs rares et talentueux, on ne peut nullement lui reprocher d’avoir bridé son élan et de s’être embourbé dans les mêmes tropes. Sans doute que le public, de plus en plus jeune et curieux, davantage exposé à l’actualité d’une violence banalisée, toujours plus connecté, ne cherche qu’à comprendre sa démarche et à admirer son travail pour ce qu’il est intrinsèquement: nourri de références cinématographiques, profondément humain et introspectif.

Rappelons que la Quinzaine des Réalisateurs est non compétitive, mais que le film a remporté l’Art Cinema Award en mai 2018.

Apparu dans les années 1970 parmi la communauté transgenre et gay des afro et latino-américains, le voguing est caractérisé par la pose-mannequin, telle que pratiquée dans le magazine américain Vogue durant les années 1960 et lors des défilés de mode, intégrée avec des mouvements angulaires, linéaires et rigides du corps, des bras et des jambes. Ces équipes se retrouvent, et s‘affrontent en chorégraphie, lors d’événements, les ‹balls› (anglais) ou ‹balls de voguing›. Dans les années 1990, le voguing est connu pour avoir inspiré le titre Vogue de Madonna.

Vous pouvez voir ses vidéos et ses interviews engagées en faveur de la politique LGBT et contre les discriminations, pour notamment le Grand Journal.

Inside joke: les projections cannoises des films de Noé sont souvent très vite désertées dû à la violence visuelle de ses œuvres.

Krisztina Kovacs
*1989 in Belgien. Französischlehrerin, regelmässige Mitarbeiterin von Film- oder Musikzeitschriften wie Karoo oder Daily Rock, begeisterte Fiction-Autorin und Kritikerin. Arbeitet ehrenamtlich bei Genfer Filmfestivals wie «FIFDH» oder «Black Movie».
(Stand: 2021)
[© cinemabuch – seit über 60 Jahren mit Beiträgen zum Schweizer Film  ]