J’avais 20 ans. J’étudiais le cinéma à Paris. Le seul film où j’ai dû fermer les yeux et boucher mes oreilles pour m’empêcher de suivre mon instinct de survie mentale qui me hurlait de quitter la salle! Comme l’École soviétique, Gaspard Noé expérimente les effets du montage sur les spectateurs, pousse nos perceptions dans leurs retranchements, travaillant l’ellipse ou son absence comme une lame anarchiste pour transpercer nos sens et poignarder nos certitudes! Il commence avec le climax ultraviolent, puis remonte les faits jusqu’au début de l’histoire, parsemant ses séquences de petites lâchetés polies et de minuscules détails comportementaux qui, s’ils avaient été différents, auraient pu éviter le crime. En inversant l’ordre des choses, Gaspard Noé obtient ainsi exactement ce qu’il veut démontrer. Les réactions scandalisées face à son film sont les mêmes que celles de notre société patriarcale individualiste face au viol. En refusant de prendre le temps d’en comprendre les rouages, on en devient indirectement responsable…
MOMENTAUFNAHME
Autorin und Regisseurin aus Neuenburg. Nach 12 Jahren in Paris mit Regiearbeiten in Dokumentarfilmen und Werbung zog sie 2012 zurück in die Schweiz. Neugierig, an verschiedenen Formen zu arbeiten und gleichzeitig «denen eine Stimme zu geben, die gegen die Absurdität einer Welt kämpfen, die wir gerne als unveränderlich betrachten würden», schreibt und inszeniert sie heute nur noch Filme, die ihre ethischen Werte respektieren, in der Fiktion (No, Dublin), im Dokumentarfilm (Cleaners of War, The Price of Gas – A Citizen Resistance), oder in Installationen (Le Tramoscope).
(Stand: 2021)